Festival de La Rochelle 2022

(actualisé le ) par MAHÉ Jacqueline

A- AVANT-PREMIÈRES :

- UN BEAU MATIN de Mia Hansen- Love. France/Allemagne.1h52
Présent à la quinzaine des réalisateurs de Cannes 2022
Nous avons déjà programmé plusieurs des films de MHL dont L’AVENIR (2016) et BERGMAN ISLAND (2021)
Deux sujets se mêlent et le lien entre les deux est une jeune femme, Sandra ( Léa Seydoux) qui élève seule sa fille. D’une part, elle accompagne son père ( Pascal Greggory) , professeur de philosophie, qui souffre d’une maladie invalidante qui lui ôte peu à peu toute autonomie et toute capacité à exercer son métier ; d’autre part, elle démarre une relation amoureuse avec un homme (Melvil Poupaud) qu’elle a connu très jeune...
Les deux sujets sont aussi importants l’un que l’autre et c’est peut-être la faiblesse de ce film ; néanmoins, il se regarde avec facilité et les personnages sont plutôt attachants.
Après la projection, une rencontre avec MHL nous a permis de savoir que le rôle du père malade était largement inspiré de la vie de son propre père. Quant à Pascal Greggory qui était également présent, il nous a expliqué que pour la 1ère fois dans sa carrière, il ne s’était pas reconnu à l’écran, tant il avait été “habité” par le personnage. La rencontre était animée par Olivier Père ( responsable du cinéma à ARTE)
- 107 MOTHERS de Peter Kerekes. République Tchèque/ Ukraine. 1h33
Sortie le 14/09
Lyesa accouche d’un petit garçon dans une prison d’Odessa, en Ukraine. Conformément à la loi, elle peut s’occuper de son fils jusqu’à ses 3 ans ; ensuite, elle doit trouver une solution de prise en charge à l’extérieur sinon il sera placé dans un orphelinat....
Cette fiction nous plonge dans le monde reclus de la prison et nous fait vivre le cheminement de Lyesa, ses doutes, ses peurs.... avec une intensité qui s’accroît tout au long du film
En dehors du personnage principal, tous les acteurs sont des non professionnels. Film émouvant qui nous fait toucher une réalité que nous ignorons la plupart du temps.
-JACKY CAILLOU de Lucas Delangle. France, 2022. 1h32
Sélection ACID 2022
Dans un village de montagne “accroché” à des paysages somptueux, Jacky Caillou vit avec sa grand-mère,une magnétiseuse-guérisseuse,reconnue, qui lui enseigne peu à peu, son “savoir”... Jusqu’au jour où arrive une jeune fille sur le corps de laquelle se propage une tâche et Jacky est persuadé qu’il peut la soigner....
Un 1er film qui mêle rationnel et irrationnel, rêve et réalité (qui nous échappe souvent), nature et fantastique....
Film audacieux mais intéressant
- VENEZ VOIR de Jonás Trueba. Espagne, 2022. 1h04. Sortie en janvier 2023 Commentaires dans la partie “Hommage à Jonás Trueba”
- MARX PEUT ATTENDRE de Marco Bellochio. Italie. 2021. 1h36
Film documentaire
MB avait un frère jumeau, Camillo, qui s’est suicidé en 1968 à l’âge de 29 ans. Ce drame a marqué toute sa vie et sa filmographie.
50 ans après, il réunit toute sa famille, autour d’un repas, pour évoquer ensemble et s’interroger sur cette disparition... Frères, sœur, petits enfants, proches parlent de lui : les joies partagées, les rendez-vous ratés, les incompréhensions, les non-dits.... C’est un film magnifique et bouleversant mais pas larmoyant.
MB a réalisé une cinquantaine de films depuis les années 60 et a obtenu une palme d’honneur à Cannes pour l’ensemble de son œuvre en 2021 et un hommage lui a été rendu en 2015 au festival de La Rochelle.
- JANE CAMPION, LA FEMME CINÉMA de Julie Bertuccelli. France, 2022. 1h41. Documentaire
Julie Bertuccelli fait le choix, et c’est plus que pertinent, de laisser la 1ère place à JC : il y a de nombreux commentaires de la cinéaste, des interviews, des extraits de films... Le film se déroule en parlant des courts puis des longs métrages dans un ordre chronologique
Julie B. explore la dimension féministe du cinéma de JC et son rôle précurseur et novateur.....
C’est un portrait vivant, en profondeur, qui éclaire sur son rapport au monde et au Cinéma
On sort de la projection pleine d’enthousiasme et avec l’envie de revoir ses films.
Julie Bertuccelli est présente pour un échange après le film ; elle explique comment elle a procédé, entr’autre, pour sérier tous les documents qu’elle avait réunis avec toute son équipe. Elle parle également de la collaboration fructueuse qui a été possible avec Jane Campion elle-même pendant le montage qui a duré de longs mois....
C’est un travail exigeant et passionnant

B- HOMMAGE À JONÁS TRUEBA :

JT est un jeune cinéaste espagnol mis à l’honneur dans ce festival. Lors d’une rencontre animée par Marcos Uzal, rédacteur en chef aux Cahiers du cinéma, JT explique sa façon de “faire son cinéma”
J’ai relevé les éléments suivants :
Plusieurs sources d’inspiration ressortent de ses propos :
 le cinéma lui-même puisque JT est “un enfant de la balle” avec un GP
acteur, une mère productrice, un père et un oncle réalisateurs mais surtout parce que ses films assument de s’inscrire dans le sillage d’autres cinéastes qu’il cite volontiers : Éric Rohmer, François Truffaut, Ho Sang- soo,... et d’autres.
 la ville de Madrid où il est né en 1981. Un critique dit de lui qu’il filme SA ville comme Rohmer filmait Paris, “ avec son cœur et à pied”. Plusieurs de ses films s’y passent ; on voit ses personnages se déplacer, déambuler jour et nuit, dans une lumière qui s’accorde avec leurs
états d’âme...
 JT dit de son cinéma qu’il est indissociable des gens avec qui il travaille,
qui sont tous des amis ou le deviennent. Au fil du temps, sa “troupe”
s’étoffe et chacun participe à l’aventure du début à la fin, autant les acteurs que les techniciens. Beaucoup de ses films se passent en été ou pendant les vacances scolaires afin que le maximum de ses amis puissent
être disponibles ; cette façon de travailler peut même influencer le scénario “ En amour comme en amitié, il s’agit toujours de trouver quoi faire ensemble et de prendre le temps nécessaire pour le faire, comme si chaque scène, chaque plan étaient le fruit d’un cheminement commun, d’un accord entre les personnages...” dit-il
SES FILMS :
- TODAS LAS CANCIONES HABLAN DE MÍ ( Toutes les chansons
parlent de moi). Espagne, 2010. 1h47
Ramiro et Andrea se sont séparés. Lui essaie d’oublier mais, sans cesse, des souvenirs de sa vie avec Andrea lui reviennent et de toutes façons, il interprète chaque événement qui se présente avec le prisme de cet amour perdu....
Ainsi chaque chanson qu’il entend, parle de son chagrin personnel.... C’est une comédie romantique, agréable et fraîche.....
- LA RECONQUISTA : 2016. 1h48
Adolescents, Manuela et Olmo se rencontraient et vivaient leur premier amour. Ils se retrouvent 15 ans après, à Madrid, en hiver, le temps d’une nuit...
Un film délicat
- EVA EN AOÛT : 2019
- VENEZ VOIR : 2022. 1h04
Sortie en janvier 2023
L’hiver à Madrid. Deux couples se retrouvent, ils se sont chacun “Installés” dans leur vie respective..... Ils ont vieilli, renoncé à des choses qui comptaient et tentent de se parler, de se reconnecter... Rébarbatif, impression de revoir toujours le même film....

C- HOMMAGE À JOANNA HOGG :

JH est une cinéaste anglaise que le public français découvre avec THE SOUVENIR- partie1 et THE SOUVENIR- partie 2 en 2020. ( Nous les avons passés au Dauphin)
- ARCHIPELAGO : Grande-Bretagne. 2010. 1h54
Edward, 30 ans, décide de quitter son travail pour rejoindre une organisation humanitaire en Afrique. Avant son départ, sa mère organise une réunion de famille sur une île britannique de l’archipel des Scilly.
Le père décline l’invitation à la dernière minute et cela provoque
un flot d’émotions, jusqu’àlors refoulées, chez plusieurs membres de la famille....
Une tension de plus en plus forte s’installe, accentuée par les intérieurs froids, figés et des paysages somptueux mais battus par des vents qui les rendent souvent hostiles....
Un film intéressant mais difficile
- EXHIBITION : GB. 2013. 1h44
D. et H. décident de vendre la maison dans laquelle ils vivent depuis 20
ans. On ne sait pas pourquoi ils prennent cette décision mais certaines scènes nous laissent penser qu’ils vont aussi mettre fin à leur vie de couple... En tous les cas, ce moment de transition génère de multiples angoisses chez l’un et l’autre et c’est l’essentiel de ce que nous montre le film...
On retrouve les cadrages parfaits des intérieurs, notamment le travail sur les portes, les fenêtres et les couloirs mais aussi la sensation de froideur laissée par ces superbes images....
Un intérêt mitigé pour ce film trop esthétique

D- RÉTROSPECTIVES :

1- PIER PAOLO PASOLINI : 1922-1975. Italie.
Il existe de nombreux écrits, cours, conférences sur le cinéma de PPP Tous semblent s’accorder sur une chose : PPP était d’abord un poète qui écrivait et faisait des films.
Il disait ceci, en Février 1969 :
“ On me dit que j’ai trois idoles : le Christ, Marx et Freud.
Ce ne sont que des formules.
En fait, ma seule idole est la réalité.

Si j’ai choisi d’être cinéaste en même temps qu’un écrivain, c’est que plutôt que d’exprimer cette réalité par les symboles que sont les mots, j’ai préféré le moyen d’expression qu’est le cinéma, exprimer la réalité par la réalité”
Le cinéma de PPP n’est pas d’un abord facile. Une manière de l’aborder peut être de se laisser porter par les images, la musique,... comme on peut regarder un tableau qui nous paraît énigmatique mais qui accroche notre regard et finalement peut-être que....
Tous ses films ont été projetés. J’en ai vu quatre :
 L’ÉVANGILE SELON ST MATTHIEU : Italie, 1964. 2h17
Dans le film, on voit Jésus de Nazareth parcourant la Galilée avec
ses disciples, faisant quelques miracles ( guérison des
aveugles et des paralytiques, résurrection des morts, ....) et proclamant l’arrivée du Royaume de Dieu et le salut d’Israël...
Puis il entre dans Jérusalem où il défie les puissants. Ce Jésus exhorte, provoque, harangue la foule un peu à l’image d’un chef de guerre....
PPP semble vouloir comprendre le sacré mais en le déconnectant de la religion. Il dit “je ne crois pas que le Christ soit le fils de Dieu pcq je ne suis pas croyant... Mais je crois que le Christ est divin : autrement dit, je crois qu’en lui, l’humanité est si élevée, si rigoureuse, si idéale qu’elle va au-delà des termes ordinaires de l’humanité....”
La mise en scène est spectaculaire, les paysages magnifiques, les acteurs inspirés
 OEDIPE-ROI : Italie, 1967. 1h50.
Le film démarre dans l’Italie d’avant-guerre où un couple vient d’avoir un petit garçon. Le père est terriblement jaloux de l’amour que la mère porte à l’enfant.
L’histoire bascule dans l’Antiquité, l’enfant est abandonné dans le désert pour y être tué mais un berger le recueille et le remet au roi et à reine de Corinthe qui vont l’élever comme leur fils et le nomment Œdipe. Devenu adulte, Oedipe fait un rêve étrange où l’oracle de Delphes lui prédit qu’il tuera son père et épousera sa mère....
C’est un film pathétique qui capte le regard et nous bouleverse même s’il n’est pas toujours facile à suivre...
 MÉDÉE : Italie, 1969. 1h50
MÉDÉE la magicienne, fille du roi de Colchide, voit arriver sur sa terre le prince Jason venu enlever la Toison d’or, l’idole de son peuple. Tombée amoureuse de Jason, elle trahit son pays en dérobant la Toison et s’enfuit avec lui...
Plusieurs années plus tard, alors qu’elle lui a donné deux enfants, Jason se détourne de MÉDÉE qui ne peut le supporter....
(MÉDÉE est interprétée par Maria Callas)
Décors, costumes, paysages encore magnifiques
Donc pas difficile de se laisser embarquer pour ce voyage de 2h
 LES MILLE ET UNE NUITS : Italie, 1974. 2h09.
3ème volet de la “Trilogie de la vie”, le 1er étant LE DÉCAMÉRON
(1971) et le second LES CONTES DE CANTERBURY (1972)
Film qui s’inspire de contes érotiques du Moyen-Orient.
Il se concentre sur un jeune homme innocent tombé amoureux d’une esclave qui l’a choisi comme maître. Un incident les sépare et il part à sa recherche.....
Une fois encore, et sans doute encore plus que d’habitude, nous partons en voyage et traversons des paysages extraordinaires, désertiques ou très peuplés, des endroits luxueux ou miséreux,...
les vêtements, les intérieurs ont des couleurs éclatantes....
Un film où se déploient tous les sens et dans lequel l’émotion est au premier plan. Une fête de l’amour mais aussi l’exaltation de ses multiples revers...

2- BINKA ZHELYAZKOVA : 1923-2011

BZ est une cinéaste bulgare, considérée comme une des pionnières de la “nouvelle vague” de son pays. Son 1er long métrage date de 1957.
Son cinéma est engagé sur un plan politique mais reflète également un univers singulier et original. Il est parcouru par de nombreux personnages féminins, souvent forts et avec une dimension énigmatique et décalée qui pousse le spectateur dans ses retranchements, “mais qu’est-ce qu’elle fait là ?... Que veut-elle nous dire ?...”
Elle a réalisé une dizaine de films entre 1957 et 1988
 LE BALLON : 1967, 1h38
Un gros ballon volant au-dessus des villages et des champs fait irruption dans la vie des gens de la région et provoque de multiples sentiments, réactions.... Il est beau à regarder et devient le symbole d’une liberté auxquels les villageois aspirent mais ne peuvent atteindre.....
De là, à devenir un cauchemar....
Un film surprenant et intéressant
 LA PISCINE : 1977, 2h28
Un triangle amoureux qui se joue autour d’une piscine : Apostol, un architecte quadragénaire (qui veut redessiner la piscine) ; Bella, jeune femme, qui vient de recevoir son diplôme de fin d’études et le fête avec des amis à la piscine et tombe sous le charme d’Apostol et Boyan, le 3ème, un acteur-imitateur...
Des relations d’amour-amitié complexes se nouent entre eux et c’est long et....ennuyeux !!!

E- CÉLÉBRATION DELÀ CARRIÈRE D’ALAIN DELON :

Le festival a proposé de nombreux films de sa prodigieuse carrière Comme beaucoup de gens, j’ai découvert la richesse de sa filmographie assez récemment avec surtout les films suivants :
 PLEIN SOLEIL de René Clément, 1960, 1h52
 ROCCO ET SES FRÈRES de Luchini Visconti, 1960, 2h59
 L’ÉCLIPSE de Michelangelo Visconti, 1962, 2h05 avec Monica Vitti
 LE GUÉPARD de M. Visconti, 1963, 3h06 avec Claudia Cardinale et
Burt Lancaster
 LE SAMOURAÏ de JP Melville, 1967, 1h45
 LA PISCINE de Jacques Deray, 1968, 2h avec Romy Schneider
 BORSALINO de J. Deray, 1970, 2h06 avec JP Belmondo
 LE CERCLE ROUGE de JP Melville, 1970, 2h20 avec Bourgvilain et
Yves Montand
 LA VEUVE COUDERC de PG Deferre, 1971, 1h30 avec S. Signoret
 UN FLIC a de JP Melville, 1972, 1h38 avec Catherine Deneuve
 LE PROFESSEUR de Valerio Zurlini, 1972, 2h07. Magnifique
 DEUX HOMMES DANS LA VILLE de José GIOVANNI, 1973, 1h40 avec
Jean Gabin
 FLIC STORY de J. Deray, 1975, 1h52 avec JL Trintignant
 MR KLEIN de Joseph Losey, 1976, 2h02
 NOTRE HISTOIRE de Bertrand Blier, 1984, 1h50 avec N.Baye. Un
César
 NOUVELLE VAGUE de JL Godard, 1990, 1h28
J.MAHÉ