Prévisionnement en ligne, Mars et Avril 2021

par MAHÉ Jacqueline

1- EN ROUTE POUR LE MILLIARD : de Dieudo Hamadi, France-RDC. 1h28.
Film documentaire sélectionné pour Cannes 2020.
En 2000, la ville de Kisangani ( située au NE de la RDC) fut le théâtre
d’affrontements meurtriers entre l’armée ougandaise et l’armée rwandaise
dans le but de prendre le contrôle des richesses de la région. Cette
période est appelée guerre des 6 jours ; elle a fait de nombreuses victimes
parmi la population congolaise de la ville : des personnes mutilées, des
orphelins, des femmes violées.... qui se sont regroupés dans une
association afin d’obtenir réparation.
Le film se déroule 18 ans après la fin de la guerre alors que les victimes
n’ont toujours pas obtenu réparation. Révoltées par la situation, elles
décident de se rendre à Kinshasa afin de faire pression sur les politiques
pour les intéresser à leur combat...
Le parti pris du réalisateur est de nous immerger d’emblée dans les
situations de vie de ces rescapés, pas en les décrivant mais en nous les
montrant, des images sans filtre qui ont la brutalité du réel... et laissent
sans voix...
Film important qui nous fait découvrir, d’abord, que cette guerre a existé
mais qui a aussi une portée universelle sur les ravages causés par la
guerre...

2- WAITING FOR GAZA : de Guillaume Korakiewiez, 2020, France. 1h14.
Après leur 1er long métrage DÉGRADÉ, présenté à Cannes, voici un film
documentaire qui suit les réalisateurs-frères Arab et Tarzan Abu Nasser
dans la préparation de leur second film GAZA MON AMOUR alors qu’ils
sont exilés dans un petit appartement parisien.....
Film utile ???

3- GAZA MON AMOUR : de Arab et Tarzan Abu Nasser, France/ Palestine,
2020 ; 1h28.
Un double récit : d’un côté, la guerre, l’enfermement, la corruption, les
détonations, la tension, dans l’espace restreint de Gaza ; de l’autre, 3
personnages intéressants : Issa le vieux pêcheur, Siham la couturière
(superbement interprétée par Hiam Abbas) et la fille de celle-ci.
Le film illustre bien le parti pris des réalisateurs, évoqué dans le film
documentaire Waiting for Gaza, de montrer que la vie des palestiniens ne
se résume pas à la guerre et ses conséquences, ils ont aussi des
problèmes ordinaires, ils peuvent aimer, se sentir seuls....
C’est aussi un film plein d’humour : la scène finale de la demande en
mariage est particulièrement jubilatoire !
Un film d’une grande humanité
À programmer sans réserve

4- L’OUBLI QUE NOUS SERONS : de Fernando Trueba, Colombie, 2020.
2h16. Sélection officielle Cannes 2020.
Années 80 en Colombie, dans la ville de Medellin.
Inspiré d’une histoire vraie, celle du DR Hector Abad Gomez, le film
retrace son combat pour sortir les habitants de la misère malgré les
menaces qui pèsent en permanence sur lui.
Le destin de ce médecin engagé et père dévoué d’une famille
nombreuse, se dessine à travers le regard doux et admiratif de son seul
fils.
Le film est à la fois le portrait d’un homme exceptionnel, une chronique
familiale et l’histoire d’un pays souvent marquée par la violence.
La 1ère partie est centrée sur le bonheur familial de ce médecin qui finit
par lasser tellement elle est longue ( le bonheur peut être ennuyeux,
surtout au cinéma)
La seconde partie, en mettant en avant l’engagement du héros, est plus
complexe mais n’en éclaire pas vraiment la personnalité, en particulier les
motivations qui le poussent à se jeter littéralement dans la gueule du loup
et se faire tuer...
Film assez intéressant pour l’éclairage qu’il donne sur la Colombie mais
pas indispensable.

5- JE M’APPELLE BAGDAD : de Caru Alves de Souza, Brésil, 2020. 1h39.
Bagdad est une skateuse de 17 ans qui vit dans un quartier populaire de
la banlieue de Saô Paulo au Brésil. Elle partage son temps entre le
groupe de garçons avec lequel elle skate et sa famille : sa fratrie et les
amis marginaux de sa mère....
Sa vie est bouleversée quand elle rencontre un groupe de filles
skateuses, rencontre qui va lui permettre d’affirmer son identité féminine
....
Portrait intéressant d’une jeune fille très actuelle
Film à soutenir

6- SLALOM : de Charlène Favier, France/Belgique, 2020, 1h32.
Sélection Cannes 2020.
Lys, 15 ans, intègre une prestigieuse école ski-études, dirigée par Fred un
ex-champion devenu entraîneur. Très vite celui-ci mise tout sur cette
nouvelle recrue chez qui il sent un immense potentiel.
Lys est galvanisée par l’enthousiasme de Fred et est prête à tout pour
le satisfaire, d’autant plus que sur le plan familial, elle a peu de soutien :
père absent, mère partie loin pour un travail....
Petit à petit, Fred bascule et entraîne Lys dans une relation d’emprise où
il est le maître du jeu.....
Film intéressant parce qu’il est centré sur le point de vue de Lys et nous
fait sentir au plus près son questionnement sur ce qui lui arrive, sa
passion pour le ski et son besoin de gagner, ses hésitations par rapport
aux injonctions de Fred, ses propres désirs....
Film à programmer sans réserve

7- DEBOUT LES FEMMES : de Gilles Perret et François Ruffin, France, 2020

L’insoumis François Ruffin et le député En Marche Bruno Bonnell partent
pour « un road movie parlementaire » à la rencontre des femmes qui
exercent un métier du lien, auprès des enfants (AVS), des malades, des
personnes âgées à domicile.... pour des salaires de misère et des
conditions de travail précaires.... Avec elles, ils vont se bagarrer et leur
donner une tribune pour exprimer leurs colères, leurs revendications....
afin qu’elles obtiennent un véritable statut....
Film salutaire, à programmer sans réserve
J. Mahé